6e récit – 7 mai – Archipel des Uros – Île de Taquile
Voici les récits des deux journées car hier soir sur l’Ile de Suasi bien oui on devait se détendre car aucun internet, aucun téléphone, aucun téléviseur…. Juste la nature et la paix. Magnifique détente mais c’est la raison pour laquelle vous aurez deux récits ce matin à votre réveil.
Encore une multitude de magnifiques découvertes au programme aujourd’hui. Après le petit-déjeuner, nous nous rendons au débarcadère de notre hôtel pour y prendre un bateau qui nous fera découvrir le célèbre lac Titicaca. Le bateau est à l’honneur aujourd’hui ! Donc balade sur le lac Titicaca, le plus haut lac navigable du monde situé entre le Pérou et la Bolivie sur l’Altiplano, haute plaine andine à plus de 3800 mètres d’altitude.
Quelques informations sur le lac Titicaca que nous naviguerons ce matin.
Le lac Titicaca semble tenir son nom d'un rocher situé sur l'Isla del Sol et appelé Titi Khar'ka, ce qui signifie « Roc du puma » en aymara. Selon une autre hypothèse, Titicaca serait une déformation de titijaya, qui veut dire « puma de pierre » (par référence aux pumas noyés et transformés en statues de pierre selon une légende locale) mais également « homme de cendre » (en effet les indigènes vivant autour de ce lac avaient coutume d'y brûler des hommes en offrande à Ayuma, dieu de la vie et de la mort).
L'Isla del Sol est le véritable centre de la mythologie inca.
Le lac Titicaca s'étend sur environ 8 562 km², parmi lesquels 4 772 km² correspondent au territoire péruvien et le reste (3 790 km²) à la Bolivie.
Il est au centre d'un grand bassin ayant une superficie de l'ordre de 58 000 km², dont 10 983 km² en Bolivie. La superficie de son bassin versant appartient donc à plus de 80 % au territoire péruvien.
Lui-même se décompose en deux parties, le lac majeur et le lac mineur, séparés par le détroit de Tiquina qui a une longueur de 900 m.
Sa longueur est de 190 kilomètres, sa largeur de 80 kilomètres.
Situé dans les Andes, à 3 812 mètres au-dessus du niveau de la mer, il a une profondeur moyenne de 107 mètres et une profondeur maximale de 327 mètres.
Plus de vingt-cinq rivières se jettent dans le lac. Le lac compte quarante et une îles dont certaines sont habitées.
Le volume d'eau contenu est de 893 km3 (soit 893 milliards de mètres cubes). Ses eaux bleues sont de l'eau douce.
Il est rempli d'eaux provenant du ruissellement pluvial et de la fonte des neiges. De loin en loin, sur les îles naturelles, on observe des cultures en terrasses, soigneusement séparées par des murs de pierres sèches et des haies de cactus, ainsi que des villages.
La longueur totale de ses rives est de 1 125 kilomètres.
Les principales villes riveraines sont Puno au Pérou et Copacabana en Bolivie.
Depuis le 11 septembre 1998, le lac Titicaca est un site Ramsar pour l'importance de ses zones humides.
Des Indiens Aymaras, habitant les îles des Uros. Le lac Titicaca est pour les indiens des Andes le berceau du premier Inca qui aurait surgi de ses eaux. « L'île du Soleil » est un lieu sacré, comme au temps de l'empire. Une légende locale autochtone prétend que les premiers habitants de la région avaient six doigts et s'appelaient les Uros.
De nos jours, on appelle Uros ceux qui vivent sur des îles flottantes. Celles-ci sont fabriquées à partir de roseaux flottants et sont devenues une étape touristique presque « obligatoire », ce qui permet aux habitants de vivre en partie de ce tourisme.
En réalité, la dernière véritable Indienne Uros est décédée en 1959 et les occupants des îles sont depuis des Aymaras qui s'accrochent depuis longtemps aux terres bordant le Titicaca.
Les Aymaras y font pousser du quinoa, plante cultivée pour ses graines riches en protéines et y élèvent des lamas. Ils traversent le lac à bord de leurs barques en jonc tressé et en profitent parfois pour faire un peu de contrebande.
Une légende raconte que les hommes vivaient heureux dans une vallée fertile. Rien ne leur était interdit sauf monter dans la montagne. Le diable, jaloux de leur tranquillité, leur dit d'aller dans la montagne chercher le feu sacré, sinon un malheur s'abattrait sur eux. Mais les dieux de la montagne appelés « Apus » les surprirent et firent sortir des cavernes des pumas, qui dévorèrent toute la population. Inti, le dieu du soleil qu'ils vénéraient, pleura pendant 40 jours et 40 nuits sans s'arrêter, ce qui inonda la vallée et créa le lac Titicaca ; seul un couple survécut en se mettant dans une barque. Ils dirent que, de leur barque, ils avaient vu les pumas, qui s'étaient transformés en pierre. C'est pour cela que le lac s'appelle « el lago de los pumas de piedra », le lac aux pumas de pierre.
Ces pumas de pierre sont aujourd'hui représentés dans la symbolique Aymara par la figure de proue des bateaux (les balsa), une tête de puma tressée.
Il existe une autre légende qui raconte qu'un trésor inca dormirait au fond du lac. Il s'agirait d'une partie de ce même grand trésor des Incas du XVIe siècle. Quand Francisco Pizarro captura l'empereur Atahualpa en 1532 à Cajamarca, il lui promit la vie sauve en échange de richesses. Le conquistador espagnol exigea que l'Inca lui verse une rançon colossale, soit une quantité d'or et d'argent capable de remplir la pièce où Atahualpa était prisonnier : 35 m2 de surface sur une hauteur de deux mètres. L'Inca donna des ordres à ses lieutenants pour que la rançon soit acheminée des quatre coins de l'empire. L'or afflua et la rançon fut presque totalement payée. Sur le lac Titicaca, une navette de barques convoya des kilos d'or et d'argent, entre la rive est et la rive ouest. Mais le 29 août 1533, quand les mariniers apprirent l'exécution d'Atahualpa par Francisco Pizarro, ils comprirent que l'Espagnol n'avait pas tenu parole et qu'il avait trahi l'Inca. Dégoûtés, ils auraient jeté le trésor dans les eaux du lac.
Une fois bien installés sur le bateau, nous quittons notre hôtel et traversons la baie du même nom. La vue sur la ville et les collines qui la surplombent est magnifique. La traversée des champs de totora est vraiment une belle découverte pour nous puisqu’ils ont ici une grande utilité. En effet, ces hauts roseaux du lac Titicaca sont utilisés dans la fabrication des îles flottantes des Uros. Le bateau sortira de la végétation par un étroit chenal et débouchera au milieu de l’archipel des Uros. Une quarantaine d’îles situées en cercle autour d’un espace libre, entre les champs de totora. Au total on compte maintenant 80 îles ou vivent en moyenne 2 ou 3 familles par île.
Nous avons eu la chance d’être accueillis, sur l’une de ces îles flottantes, par les chants de femmes ornées de leurs superbes costumes traditionnels. Un arc-en-ciel de couleurs !
Nous sommes ensuite débarqués sur l’île où notre guide, assisté par les habitants, a bien pris le temps de nous expliquer comment se déroule la vie, le quotidien dans cet archipel de même que les multiples usages de la totora, le roseau magique du lac.
Étonnamment, ces roseaux servent non seulement de base aux îles flottantes mais on les utilise aussi pour fabriquer les bateaux et petites embarcations, surnommés les “Taxis des Uros“. Comme si ce n’était pas assez, les maisons aussi en sont fabriquées !!! Il va sans dire que la totora est aussi la base d’un joli artisanat que les familles fabriquent sur leur île. Ce roseau est aussi utilisé comme aliment et remplace le dentifrice ! Incroyable !
Ceux qui le souhaitaient ont pu faire un tour sur un des bateaux de totora des insulaires, dont la proue à la forme d’une tête de dragon, répliques de ceux utilisés par les premiers peuples qui se sont aventurés sur le lac et ont commencé à vivre sur des îles flottantes. Une vingtaine de minutes et nous avions peine à voir ramer nos deux jeunes hommes avec plus de 25 personnes à son bord. Amusant comme tout ! Même notre Marlène a tenté de nous épater en ramant. Heureusement qu’elle s’est désistée rapidement car nous y serions encore à tourner en rond.
Après ce moment magique, il est temps pour nous de reprendre la « route », toujours bien installés sur notre bateau, direction île de Taquile. Malgré un soleil ardent, le vent froid nous oblige à bien nous couvrir et plusieurs photos seront bien amusantes si vous nous reconnaissez…
Elles ne sauraient tarder ces photos dès que nous aurons mis le doigt sur le problème vous aurez des centaines de belles photos à regarder.
Voici quelques informations sur cet endroit, très intéressant lui aussi :
L’île de Taquile est située sur le lac Titicaca, dans le département de Puno. Réputée comme espace culturel de l’île de Taquile et son art textile qui fait partie des activités quotidiennes des hommes et des femmes de tous âges et dont les productions sont portées par tous les membres de la communauté. L’île se caractérise par ses montagnes et ses terrains en terrasses, la diversité de ses espèces végétales sauvages et cultivées ainsi que ses sentiers et arcades en pierre dont certains datent de l’époque préhispanique.
La population de l’île a vécu relativement isolée du reste du pays jusque dans les années 1950. Elle a conservé un sens très développé de la communauté et de la famille, comme en témoignent l’organisation de la vie communautaire et le système collectif de prise de décisions. La tradition du tissage sur l’île de Taquile remonte aux anciennes civilisations Inca, Pukara et Colla. Elle a ainsi préservé certains éléments des cultures andines préhispaniques. Outre l’aymara et l’espagnol, la population parle le quechua, langue indigène du Pérou.
Les tissages sont faits sur le métier traditionnel préhispanique fixe et à pédale. Les vêtements les plus caractéristiques sont le chullo, bonnet en tricot avec oreilles, et la ceinture-calendrier qui décrit les cycles annuels des activités rituelles et agricoles. Cette ceinture a suscité l’intérêt de nombreux chercheurs car elle décrit des éléments de la tradition orale de la communauté et son histoire. Bien que de nouveaux symboles et images contemporains aient été introduits dans l’art textile de Taquile, le style et les techniques traditionnels restent les mêmes.
L’île de Taquile a deux écoles : une école élémentaire où les classes se déroulent en quechua et en espagnol, et une école spécialisée pour apprendre les techniques de l’artisanat local, garante de la viabilité et de la pérennité de la tradition.
Le tourisme a contribué au développement de l’économie communautaire qui repose principalement sur le commerce des textiles et les services touristiques. Si le tourisme est considéré comme un bon moyen d’assurer la pérennité de la tradition textile, l’augmentation de la demande entraîne des changements majeurs en termes de matières, de production et de signification. La population de Taquile a beaucoup augmenté depuis quelques décennies, provoquant des pénuries de ressources et obligeant à importer de plus en plus de biens du continent. Comme quoi le tourisme a ses bons et ses moins bons côtés. Qu’à cela ne tienne, nous avons eu beaucoup de plaisir à découvrir cette partie si attachante du Pérou, notre terre d’accueil, le temps d’un voyage. Notamment, nous retenons que la tradition textile ici est de très haute qualité et est empreinte de maints aspects : par exemple, le costume typique, reflétant état civil et fonction dans la communauté, est également une particularité que les habitants étaient fiers de nous enseigner. Les femmes portent, par exemple, des couleurs vives lorsqu'elles sont célibataires et des couleurs obscures lorsqu'elles sont mariées. Les hommes, quant à eux, portent des bonnets rouges et blancs lorsqu'ils sont célibataires et rouges lorsqu'ils sont mariés. L'île est administrée de façon communautaire (encore une belle leçon de vie pour notre monde moderne!), et cet artisanat particulier est disponible sur place, dans des boutiques tenues par les habitants.
Je ne pourrais terminer en passant sous silence que plusieurs vestiges archéologiques pré-incas et incas témoignent de la présence de plusieurs brillantes civilisations, pour qui, jusqu'à aujourd'hui, le lac continue d'occuper une place prépondérante dans les rites et offrandes. L'activité agricole et d'élevage est également importante sur l'île, C’est réellement un privilège que d’en avoir fait sa découverte!
Après avoir rempli nos yeux et nos oreilles de si belle façon, nous nous dirigeons vers l’île de Suasi où, après avoir pris le repas du midi, un excellent BBQ servi dans un cadre enchanteur, nous nous sommes installés à l’hôtel. Cet hôtel de charme restera un moment magique de notre voyage. Le reste de la journée est libre, permettant à chacun d’en profiter à sa guise. Bon nombre d’activités nautiques sont disponibles…après tout, nous sommes sur une île!!! Certains ont choisi d’accompagner notre guide à la découverte des collines avoisinantes pour aller y admirer le coucher de soleil, tandis que d’autres se sont reposés en admirant la nature dans sa plus belle simplicité. Cette journée s’est terminée par un souper en groupe où le plaisir et les rires ne font nul doute à notre bonheur d’être ensemble…
Ce soir, nous avions droit à notre feu de bois dans notre chambre, le tout avec une petite pluie qui tombait sur le toit et le jeu des éclairs et du tonnerre. Une musique à nos oreilles dans ce calme presque surnaturel et nous voici parti pour la nuit.
Merci à mes deux amies accompagnatrices qui ont pris la relève car Louise aujourd’hui n’était pas très bien… Mais comme un chat je retombe vite sur mes pattes et après une bonne nuit, plutôt 18 heures de sommeil pour moi, je suis en pleine forme.
A demain!
Louise