4e récit - 21 février – Bali
Après une nuit réparatrice, nous voilà fins prêts pour entamer une nouvelle journée remplie de découvertes fabuleuses en compagnie de nos guides aussi serviables qu’allumés. Le soleil radieux éclaire magnifiquement les paysages luxuriants qui défilent sous nos yeux.
Sans jouer sur les mots, le point culminant de notre excursion et de l’île de Bali est sans conteste le Mont Agung, qui du haut de ses 3 142 mètres, est la montagne la plus vénérée des Balinais. Son ascension permet souvent de contempler un lever de soleil sur une magnifique mer de nuages avec au loin Lombok et le volcan Rinjani. La route qui grimpe à travers les rizières en terrasses accrochées à ses flancs est sans doute la plus spectaculaire de Bali. Elle mène au temple de Pura Besakih. Les vastes terrasses de granit étagées et les pagodes noires et élancées offrent un séjour de choix pour les dieux. Considéré comme un lieu sacré depuis la préhistoire, Besakih est aujourd’hui le temple mère de l’île et les Balinais y viennent nombreux en pélerinage. Une fois tous les cent ans, les Balinais y célèbrent Eka Dasa
Rudra, une cérémonie aux dimensions cosmiques visant à purifier et à stabiliser l'univers tout entier. La cérémonie exige des milliers d'heures de préparation, des milliers d'animaux pour les sacrifices et la participation de tous les grands prêtres et, en fait, de tous les habitants de l'île pour un rituel qui se déroule sur une période de trois mois. En 1963, alors que l'île s'apprêtait à célébrer la grande cérémonie, une violente éruption du mont Agung qui dormait depuis plusieurs siècles, interrompit la manifestation. Il y eut 2 000 morts, des milliers de sans-abri et le temple disparut pendant des mois sous une nuée de cendres volcaniques.
Pour éviter de s’épuiser à grimper jusq’au premier palier situé au pied du temple, certains choisissent plutôt d’enfourcher une moto taxi. Les rires des passagers jumelés aux pétarades des petites cylindrées tranchent avec la sérénité et le caractère sacré du lieu.
Mais avant le temple de Besakih, nous nous sommes tout d’abord arrêtės dans la ville de Klungkung qui fut l'un des plus grands centres politiques de Bali. Le rajah de la cité était considéré, en vertu de son illustre généalogie, comme le plus ancien de tous les souverains balinais, et sa cour fut à l'origine du développement de nouveaux styles musicaux et
théâtral, qui sont encore bien vivants dans l’île. Au centre de la ville moderne se dressent deux édifices du XVIIIe siècle, le palais de justice, le Kerta Gosa et le pavillon flottant, le Bâle Kambang. Le Kerta Gosa est le plus bel exemple que puisse offrir Klungkung du talent des architectes et des peintres de l'époque. Le toit du pavillon est soutenu par 24 piliers de bois. Les piliers qui supportent l'avant toit reposent chacun sur le dos d'un animal. Mais le Kerta est surtout célèbre pour les fresques qui ornent son plafond. Sous la clef de voûte, formée par un lotus renversé que portent quatre oiseaux, s’étagent plusieurs niveaux de fresques. Les panneaux supérieurs montrent les hommes vertueux recevant leurs récompenses tandis que les panneaux inférieurs dépeignent des scènes sanglantes qui ilustrent les châtiments de l’enfer. Ces fresques étaient jadis utilisées par les juges pour influencer les témoins et la défense au cours
des audiences. Le Kerta était la plus haute cour de justice de l'île, et l'on y jugeait les affaires qui n'avaient pu être résolues par les clans ou les institutions villageoises. Le Bâle Kambang, ou pavillon flottant, ainsi dénommé parce qu'il était entouré d'un fossé rempli d'eau, servait comme salle de réunion ou de repos par la famille royale.
Cette escale incontournable est suivie d'un crochet dans un petit atelier où l’on exerce l’art du batik. Ce travail minutieux sur tissu à base de cire, de couleur et de doigté est emblématique en Indonésie. Chacun en ressortira avec un sari, une, blouse, un sac, un éventail ou encore avec son propre chapeau ou t-shirt arborant des motifs balinais.
Puis, quoi de mieux qu’une halte repas dans un restaurant dont la terrasse surplombe de verdoyantes rizières où ici et là, les petits chapeaux coniques des paysans se découpent. Le repas est fort apprécié. Rassasiés, nous reprenons la route dans la bonne humeur mais toujours insatiables de nouvelles beautés à découvrir.
Après le temple Besakih décrit précédemment, nous terminons notre circuit de la journée à Penglipuran, un village balinais traditionnel dont l’architecture ancestrale et l’irréprochable tenue des lieux en ont fait le village par excellence du tout Bali. Son temple, sa salle de la commune et ses maisons exemplaires, véritable havre de paix où s’écoule langoureusement le quotidien de ses habitants, fiers de leur réputation.
De retour à notre hôtel de Nusa Dua, nous nous rafraîchissons avant d’aller nous attabler dans un restaurant dont la cuisine typiquement balinaise est reconnue des experts. Varié et gargantuesque, le menu séduit tous les palais et clôt de façon admirable cette magnifique journée.
*La chronique de Bob*
Je ne puis qu'être admiratif devant le professionalisme des guides Popo et Kabal. Ils savent admirablement conjuguer rigueur avec bonheur. À l’instar de leur peuple, jamais l’impatience ne se manifeste. Bien au contraire, il émane de leur personnalité un savoir-être dont nous occidentaux, sommes parfois un peu démunis. Ainsi, chaque petit problème est facilement résolu ou contourné avec un large sourire qui désamorce toute possibilité de complication. Leurs nombreuses anecdotes formulées dans un français impeccable sont tout autant instructives qu’amusantes, du grand art.
De plus, ils s’adaptent facilement aux propositions qui leur sont soumises. Lorsque Mirella et Dominique ont présenté l'idée des deux équipes : Dragons et Bouddhas, ils se sont immédiatement prêtés au jeu en entretenant spontanément une saine rivalité entre les deux clans.
Parlant de clans, hier soir, lors du dîner, Mirella et Dominique ont proposé aux équipes de se nommer une ou un capitaine respectif. Selon les dernières informations que j’ai pu recueillir, les heureux élus ne sauraient tarder à être connus.
Il a été également proposé aux équipes un petit concours de créativité. Chaque participant, sur une base volontaire, est invité à exprimer ses impressions de voyage à l'aide d'un texte ou d'un dessin ou peut-être même d'une photo
originale. Le défi est lancé et je suis sûr que plusieurs sont déjà à l'oeuvre pour leur et notre plus grand plaisir.