3e récit – 20 février - Bali
Après un copieux petit déjeuner savouré dans un décor enchanteur face à la mer, nous prenons la route à bord de nos deux bus, l’un pour les Dragons et l’autre pour les Bouddhas en compagnie des guides Popo et Kabal. Et nous voilà partis à la découverte de la culture balinaise.
Nous débutons notre immersion par la visite de Batubulan. En entrant dans le village, on remarque les statues de pierre représentant des divinités, des démons, des hommes et des animaux, alignées le long de la route. Ce sont les oeuvres des sculpteurs locaux fort réputés qui sont vendues pour servir de dieux protecteurs sur les autels domestiques des familles balinaises. Cette tradition du travail de la pierre explique que la région de Batubulan soit riche en temples. La craie, extraite des carrières des alentours, est une matière idéale pour les sculpteurs qui aiment couvrir leurs temples et leurs sanctuaires d'ornements ouvragés. Batubulan est également connu pour ses troupes de danseurs de barong et de kejcak. Le barong ou danse du kris est un drame mimé qui met en scène la lutte éternelle du bien et du
mal à travers le récit de la légende du prince Sadeva. La très populaire danse kejcak (ou danse des singes) est née à Batubulan.
De la pierre, nous passons à l’orfèvrerie. Le village qui s’y spécialise s’appelle Celuk. Les artisans travaillent l’or et l’argent en filigrane et créent des modèles originaux, tels que le dragon s’enroulant deux fois sur lui-même pour former un bracelet. Si le résultat est très travaillé, les méthodes de production restent primitives. Les artisans utilisent une
souche d’arbre dotée d’une pointe saillante de métal comme enclume et une pompe à gaz pour chauffer le métal. Comme pour la plupart des métiers artisanaux balinais, le travail de l’orfèvrerie est héréditaire. Les enfants apprennent le métier très jeunes et fabriquent des pièces de toute beauté dès l’âge de douze ans.
De l’atelier, nous traversons au magasin où bracelets, colliers, bagues, broches et ornements rutilants s'offrent à nous. Alors débutent d'âpres négociations pour obtenir le bijou tant convoité. Au final,tout le monde y trouve son compte est sort de l’exercice fort heureux.
Après avoir traversé la rivière Oos, la route continue jusqu’au village de Sukawati, siège d’un important royaume doublé d’un grand centre d’échanges pour les marchands chinois sous la dynastie de Dalem. Aujourd’hui, une rangée d’échoppes et un marché dissimulent le palais, le Puri Sukawati, du nom de la déesse gardienne de la tradition balinaise du théâtre d’ombres. Une représentation donnée par un dalan (marionnettiste) de Sukawati, lors d’un mariage ou d’un festival de temple, est considérée comme un événement majeur.
Ces belles découvertes nous ont creusé l’appétit. Une halte fort appréciée au restaurant de l’hôtel Ubud Village qui surplombe une rizière nous permet de savourer un plat de thon succulent. Le tout baigné d’une atmosphère douce et calme qu’on ne voudrait plus quitter.
Au nord de Kapal, une route part sur la droite et conduit à Mengwi, qui fut jusqu’en 1981 la capitale du puissant royaume de la dynastie de Gelgel. En 1643, le raja 1 Gusti Agung Anom y fit construire le magnifique temple Pura Taman Ayun. C’est l’un des plus beaux sanctuaires de l'île. Ce vaste ensemble est entouré d'une douve et d'un lac couvert de lotus. Dans la grande cour de la première enceinte, on remarque la salle communautaire, un pavillon en forme de pagode, appelée wantilan. On pénètre dans la cour sacrée par un superbe portail sculpté qui n'est ouvert que lors des cérémonies. Au milieu des pelinggih, autels en bois qui servent de sièges aux divinités de passage pendant les fêtes du temple, se dresse un paibon de brique, autel des ancêtres royaux, orienté à l’est. Dans les pavillons alentour, les prêtres récitent des incantations védiques et les anciens du village tiennent conseil. C'est également là que sont préparées les offrandes et entreposés les instruments de l'orchestre de gamelan du temple.
Au nord de Mengwi, à Sangeh, nous rendons ensuite visite à nos cousins les macaques dans la fameuse forêt de singes (Bukit Sari). Ces petits malins nous attendent de pied ferme et ce n’est pas le moment d’arborer notre achat du matin car il n’échappera pas à l’oeil vif du primate et encore moins à ses doigts nerveux et agiles. C'est pourquoi nous sommes accompagnés de gardes singes qui de leur bâton tiennent les petites bêtes à distance. Ĺa forêt recèle aussi d’énormes chauves-souris, les rousselles, qui déploient leurs ailes au-dessus des arbres et de leurs congènes suspendues à leurs branches, la tête en bas.
Nous quittons cette faune singulière pour gagner le temple de Tanah Lot perché sur un rocher verdoyant au milieu l'océan. Les chroniques attribuent sa fondation à Nirartha, un grand saint hindou du XVIe siècle. Comme nombre de
temples balinais, il est gardé par des animaux, en l’occurence des serpents, qui nichent dans les grottes alentour. À marée haute, le sanctuaire n’est accessible qu’en bateau, mais à marée basse, on peut traverser à gué et monter
jusqu’au temple qui, au coucher du soleil, se détache comme un mirage sur un ciel flamboyant.
Les images saisissantes de cette première journée en sol balinais agrémentent les discussons autour du dernier repas de la journée. Sur tous les visages, se lit un bonheur partagé : celui de vivre un moment hors du commun.